EXPANDED LIVE CINEMA – SIGHT AND SOUND
Côté cinéma, les performances de CINE-NOISE utilisent une pluralité de projecteurs récupérés dans les vieux greniers poussiéreux dans des constructions architecturales plus ou moins complexes (multiples projections simultanées et éclatement des surfaces d’exposition).
Ne recourant à aucune forme de traitement en laboratoire, CINE-NOISE mise sur le traitement physique et chimique en temps réel. Les projecteurs tournent en boucle des bouts de bandes sur lesquels on ajoute couche par couche couleurs, griffures, écorchures, teintages chimiques, animations à la volée et brûlures.
Essentiellement artisanales, les performances de CINE-NOISE sont toujours uniques et renouent avec la magie analogique du cinéma en remettant perpétuellement en jeu la création visuelle…
Côté musique, les performances CINE-NOISE construisent et tissent un maillage étroit entre création musicale originale live et bruitages concrets originaux générés par les projecteurs eux-mêmes (bande sonore des boucles, bruits des projecteurs et synthétiseurs modulaires).
Compositing transmedial:
Depuis les origines, CINE-NOISE est un collectif à géométrie variable, une collaboration avec différents musiciens expérimentaux animés par la volonté de travailler de manière étroite et originale avec un univers visuel.
Côté scénographie, les performeurs CINE-NOISE sont parmi le public. Ce dernier est invité à prendre en compte ce qu’il voit et entend et le processus qui se déroule sous ses yeux.
Historique personnel:
J’ai commencé à faire des performances avec des projecteurs en 2007. N’ayant que peu de matériel à disposition, j’ai commencé par travailler sur des projecteurs Dia Carrousel de Kodak et j’ai commencé à développer un goût pour tout ce qui pouvait projeter de la lumière. On ne s’en rend pas forcément compte mais il y a une histoire parallèle aux films qui est celle des machines à projeter la lumière qui remonte à il y a 2500 ans (Théâtre d’ombres chinoises). J’ai progressivement pu emprunter, acheter, échanger du matériel pouvant me permettre d’explorer diverses possibilités liés à la projection de la lumière.
Bénévole dans un Cinéma associatif à Lausanne depuis 2004, le Cinéma Oblo, j’ai progressivement appris à projeter de la pellicule dans le cadre des activités du cinéma. De fil en aiguille et avec le soutien de mes amis, j’ai progressivement commencé à concevoir des installations et des performances avec de multiples projecteurs: S8mm, 16mm et 35mm parallèlement à mes études en Cinéma à l’Université de Lausanne. Le développement d’une pratique cinématographique me permettait de donner un sens pratique à mes études pendant lesquelles je me suis spécialisé dans “l’art d’avant-garde”. Diplômé en Histoire et Esthétique du Cinéma en hiver 2009, j’ai souhaité promouvoir le cinéma expérimental en organisant des ateliers participatifs, en organisant des évènements, des performances alliant mon intérêt pour le compositing: film, synthèse sonore, performance & théâtre.
La première formulation du concept de CINE-NOISE est née en 2009, quand un collectif lyonnais nous a invités à venir jouer à GrrrndZero. Pour cette première représentation j’étais accompagné de Sara Tocchetti et par trois amis Nikola Mounoud, Nicolas Fasnacht (qui formaient alors un duo Overload Collapse) et Yann Grivet qui jouait sous le nom de Tokage. Nous avons passé la journée à installer des projecteurs, accrocher des tissus, tirer des câbles, branché une sono dans une grande halle industrielle pour, le soir venu, présenter une performance devant une centaine de personnes allongées sur des matelas. Malgré le stress de la journée de préparation, nous avons pu donner un spectacle immersif, intense et fort tant du point de visuel que sonore. Encouragés par ce premier succès collectif en terre étrangère, nous avons continué de faire des performances au gré des demandes qui nous étaient faites. Ainsi avons-nous pu jouer dans différents lieux et villes d’Europe (Marseille, Lyon, Rotterdam, Tokyo, Genève, Lausanne, Renens), sous diverses formations, dans des lieux aussi prestigieux que le Festival de Film de Rotterdam que dans des non-lieux.
Au gré des années, je suis resté le seul élément stable dans le projet, animé par ma vision du projet et collaborant tantôt avec de vieux complices comme avec des nouveaux parmi lesquels Zorei, Ivan Verda, Astro (JP).
Avec le temps nous avons créé différents spectacles, performances ici et là. Nous avons connu quelques divergences personnelles et esthétiques avec des amis et compagnons de la première heure. Je continue de travailler sur le moteur premier de ces performances: l’expérience cinesthétique dans sa dimension visuelle et sonore en travaillant directement sur le son et sur l’image.
Ricardo Da Silva, Lausanne, 2007-2024.